La croissance des GAFAM éblouit mais gare au syndrome Netflix - Plus USA

Dan Gallagher,

The Wall Street Journal

SAN FRANCISCO (Agefi-Dow Jones)--Déjà gigantesques et pourtant en pleine croissance, les plus grandes firmes technologiques mondiales avancent maintenant en territoire inconnu. Si, pour en arriver là, il leur a déjà fallu y mettre d'importants moyens, les dépenses à venir ne feront qu'augmenter.

Le chiffre d'affaires annuel des cinq premières sociétés mondiales de la tech en termes de valorisation boursière est déjà supérieur au produit intérieur brut de 90% des pays du monde, et il continue pourtant d'afficher un rythme de croissance étonnant. Apple, Amazon.com, Alphabet, Microsoft et Facebook devraient voir leurs ventes cumulées augmenter en moyenne de 21% cette année, contre une croissance de 19% l'an dernier. Les résultats du trimestre clos en juin, qui seront publiés au cours des deux prochaines semaines pour les cinq géants technologiques, devraient faire état d'une croissance combinée de 26% en glissement annuel, contre une croissance de 8,7% attendue pour le S&P 500, selon FactSet.

Or les coûts associés à cette croissance augmentent eux aussi, à un rythme encore plus rapide. Les dépenses cumulées de recherche et développement des cinq géants devraient croître de 24% en 2018, tandis que leurs dépenses d'investissement devraient grimper de 48% par rapport à l'an dernier. Pour les Big Tech, ces dépenses correspondent au coût croissant lié à l'exploitation de leurs activités actuelles et au développement, en parallèle, de nouveaux produits et services de manière à garder un avantage compétitif, principalement les uns sur les autres.

Apple devrait ainsi augmenter de 17% ses dépenses de recherche et développement pour les porter, sur l'année civile en cours, à 14 milliards de dollars, alors que les analystes tablent pour la même période sur une progression de 10% de son chiffre d'affaires. La note du fabricant de l'iPhone en matière de R&D n'a cessé de grimper au cours des dernières années, Apple s'efforçant de trouver de nouveaux produits phares pour compenser le ralentissement de ses activités de smartphones et tablettes.

La marque à la pomme dépense pourtant moins que Google, Microsoft et Amazon, que ce soit en dollars ou en pourcentage du chiffre d'affaires, ce qui a conduit la semaine dernière Toni Sacconaghi, analyste de Bernstein, à pointer du doigt un probable sous-investissement du groupe dans l'innovation.

Les dépenses d'investissement vont également grimper en flèche, notamment pour des groupes comme Amazon, Microsoft et Google qui doivent continuer à bâtir des infrastructures de réseau pour supporter des services toujours plus nombreux d'informatique dématérialisée. Les dépenses d'investissement de Google, tout seul, sont attendues en hausse de plus de 50% cette année, tandis que les analystes tablent sur des envolées de plus de 30% pour Microsoft et Amazon.

Les investisseurs de la tech qui privilégient la croissance n'ont dans l'ensemble prêté aucune attention à ces coûts. L'action Amazon s'est adjugée 57% depuis le début de l'année, et l'action Facebook s'est envolée de 30% depuis ses derniers résultats, les investisseurs pariant sur le fait que l'activité publicitaire du réseau social ne sera pas éternellement plombée par ses bévues liées à l'utilisation des données personnelles.

Le problème avec ce type d'ascensions boursières, c'est qu'elles génèrent des risques de déception. C'est ce qui est arrivé cette semaine à Netflix : l'action du groupe a plongé lundi après la publication d'une croissance décevante du chiffre d'affaires et du nombre d'abonnés au deuxième trimestre. La valorisation boursière du spécialiste de la vidéo en streaming avait plus que doublé cette année malgré les milliards de dollars de trésorerie consacrés à la production de nouveaux contenus.

L'exemple de Netflix, même s'il est extrême, montre ce à quoi il faut s'attendre lorsque des investisseurs hypnotisés par la croissance commencent à examiner les factures d'un peu plus près.

-Dan Gallagher, The Wall Street Journal

(Version française Emilie Palvadeau) ed : ECH

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July 18, 2018 03:57 ET (07:57 GMT)

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