Les progrès d'Air France-KLM sont le meilleur remède contre le coronavirus - DJ Plus

Julien Marion,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Air France-KLM est à son tour affecté par le coronavirus. Le groupe de transport aérien a publié jeudi ses résultats pour 2019 et a livré sa première estimation des effets de cette crise sanitaire sur son activité. Sur la base d'une reprise progressive en avril de ses opérations en Chine, suspendues depuis février, l'entreprise franco-néerlandaise anticipe à l'heure actuelle un impact de 150 à 200 millions d'euros sur son résultat d'exploitation.

Air France-KLM prévoit également une baisse de ses recettes unitaires pour le premier trimestre du fait de cette crise sanitaire. Le directeur général adjoint en charge des Finances, Frédéric Gagey, a évoqué une "douche froide". "Nous étions plutôt satisfaits du mois de janvier et les calculs montraient une recette unitaire significativement positive mais tout cela a changé de manière assez brutale avec la déclaration de l'épidémie", a développé le dirigeant.

Les investisseurs ont fraîchement accueilli ces évaluations, le titre Air France-KLM ayant perdu jusqu'à 8% jeudi, avant de refaire une partie de ses pertes, la valeur reculant de 2,6% à 9,49 euros en milieu d'après-midi. "Le marché est surpris par l'ampleur de l'impact [du coronavirus, NDLR] qui est somme toute assez impressionnant", constate Grégoire Laverne, gérant actions européennes chez Apicil asset management. "La baisse est un peu sévère, reflétant les craintes que la faiblesse des réservations se prolonge pendant la période estivale", a commenté Stephen Furlong, analyste chez Davy Research, lorsque l'action cédait 7%.

La facture du carburant devrait s'alléger

L'épidémie de coronavirus brouille la visibilité sur le titre. "La lisibilité est au moins dégradée pour le court terme", estime Grégoire Laverne. Néanmoins, les analystes relativisent la gravité de la première estimation communiquée par le groupe aérien. Berenberg et Davy research considèrent que l'impact devrait être compensé par la baisse de la facture carburant de 300 millions d'euros attendue cette année par Air France-KLM. Ainsi, le consensus des analystes sur le résultat d'exploitation ne devrait pas subir de changement majeur, prévoient les deux bureaux d'études.

La coronavirus ne doit pas occulter les progrès réalisés par le groupe. Au quatrième trimestre, le réseau court-courrier d'Air France a vu sa recette unitaire augmenter de 7,8%, hors effet des devises, grâce aux premiers effets de la rationalisation de ce réseau compétitif où la compagnie subit la concurrence du TGV. Air France compte réduire de 15% son offre en sièges kilomètres offerts sur ce réseau national d'ici à la fin 2021.

Bernstein relève que la recette unitaire des réseaux d'Air France, Air France HOP, et KLM ont reculé de 0,2% à change constant au quatrième trimestre, marquant une "amélioration conséquente" par rapport à la baisse de 0,9% du troisième trimestre.

De son côté, la compagnie low-cost du groupe, Transavia, a enregistré une progression de 10,2% à change constant de sa recette unitaire au quatrième trimestre, performance qualifiée de "robuste" par Davy Research. Air France-KLM a négocié l'an passé avec les syndicats le retrait du plafond de 40 avions dans la flotte de Transavia France. "Cette nouvelle flexibilité" est susceptible d'apporter un levier "très puissant pour améliorer nos résultats", a assuré jeudi Ben Smith, le directeur général d'Air France-KLM.

Les efforts de simplification commencent à payer

La baisse des coûts unitaires constitue un autre motif de satisfaction, Air France-KLM étant parvenu à les réduire de 0,9% à change et prix du carburants constants, l'an passé. "Les efforts de simplification, en particulier chez Air France, continuent de faire baisser" ces coûts, relève Berenberg.

En 2020, l'entreprise prévoit des coûts unitaires, au pire stable et au mieux en baisse de 1%, toujours à change et prix du carburant constants. Berenberg juge "encourageant" cet objectif "critique pour les efforts d'amélioration des marges".

"Le plan de transformation du groupe semble fonctionner", apprécie Bernstein. Les investisseurs devraient "attentivement regarder" l'ensemble des progrès obtenus et se concentrer sur les "tendances sous-jacentes de l'activité", estime l'intermédiaire financier.

Air France-KLM n'est pas immunisé contre la conjoncture ni les crises sanitaires. Alors que plusieurs débrayages sont prévus au cours des prochains jours chez Air France et Hop, Ben Smith devra aussi s'assurer que ces mouvements ne prennent pas une ampleur démesurée.

Comme ses comptes 2019 l'ont démontré, le groupe dispose indéniablement de leviers internes pour atténuer ces vents contraires. Si Air France-KLM subit les turbulences du coronavirus, son plan de vol reste sur une bonne trajectoire.

-Julien Marion, Agefi-Dow Jones; [phone]; [e-mail] ed: ECH

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February 20, 2020 10:46 ET (15:46 GMT)

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