MONTRÉAL, le 28 mars 2024 /CNW/ - Suite à la grande
couverture médiatique entourant les enjeux des projets de
construction de maisons d'hébergement pour femmes et enfants
victimes de violence conjugale, les associations de maisons
considèrent avoir été entendues par le ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation. En reconnaissant que les maisons
d'hébergement ne sont pas du logement social et nécessitent à ce
titre des ajustements, une sortie de crise se dessine à court
terme.
Un dénouement projet par
projet
L'incohérence gouvernementale, qui bloquait plusieurs projets, a
pu être mise en lumière dans les dernières semaines. Les projets en
péril ont été étudiés en profondeur et des solutions ont enfin été
approuvées. Ces ajustements sont issus de demandes faites depuis
les trois dernières années en vue de répondre à la réalité des
maisons d'hébergement et aux besoins des femmes et des enfants
victimes de violence. Des suggestions de la Société d'Habitation du
Québec ont aussi permis certaines économies.
"Si notre expertise avait été reconnue dès le début, et que les
adaptations avaient été mises en place, nous aurions pu construire
plus rapidement et ainsi offrir la sécurité à plus de femmes et
d'enfants" se désole Maud Pontel,
coordonnatrice de L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e
étape.
Malgré ces avancées, il reste du chemin à faire pour sécuriser
les projets actuels et futurs. Le risque de perdre de l'argent du
gouvernement fédéral demeure. "La Société d'Habitation du Québec
indique avoir l'intention d'évaluer les besoins des maisons
d'hébergement afin d'adapter si nécessaire les programmes de
financement actuels. Cette démarche est essentielle pour éviter de
vivre les mêmes problèmes avec les projets futurs" indique
Louise Riendeau, coresponsable des
dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes
victimes de violence conjugale. D'ici là, des rencontres de travail
sont prévues pour ne pas ralentir les projets actuellement sur la
table à dessin.
Manque de places, services
saturés, féminicides : il y a urgence d'agir
Les projets de construction, retardés en raison de l'incohérence
gouvernementale, ne résoudront hélas pas, à court terme, la
situation d'urgence dans laquelle sont plongés les services qui
viennent en aide aux femmes et aux enfants victimes de violence.
"Pendant que ces projets prenaient du retard, le manque de places a
continué de s'aggraver. Il va maintenant falloir mettre les
bouchées doubles, autant pour la construction que pour le
financement des services" insiste Mylène Bigaouette, directrice par
intérim à la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes. En
plus du manque de places qui amène SOS violence conjugale à refuser
17 demandes d'hébergement par jour, les listes d'attente
s'allongent pour les femmes et les enfants qui ont besoin de
soutien sans être hébergés (ce qu'on appelle les services
externes). Plus du tiers des maisons membres du Regroupement ne
sont plus en mesure de répondre à la demande pour des activités de
sensibilisation et de prévention, qui font partie intégrante de
leur mission. Du côté des maisons de 2e étape, plusieurs d'entre
elles pourraient d'ores et déjà constituer et former leur équipe en
vue d'offrir des services temporaires, avant même d'ouvrir leurs
portes.
Les maisons d'hébergement sont prêtes à augmenter leur offre de
services aux femmes et aux enfants, et à discuter de solutions
rapides avec le gouvernement. Pour répondre à la demande d'aide qui
explose partout dans la province, les trois associations de maisons
interpellent à nouveau le ministère de la Santé et des Services
sociaux et le Secrétariat à la Condition féminine : il y a urgence
d'agir pour maintenir le filet de sécurité.
Le meurtre de Madame Houle par son conjoint hier dans les
Laurentides vient alourdir le bilan des féminicides conjugaux à 5
depuis le début de l'année au Québec. C'est à peine moins qu'à
pareille date en 2021, où le Québec déplorait 7 féminicides en 7
semaines. Malgré des investissements records annoncés cette
année-là par le gouvernement Legault, les deux derniers budgets de
Monsieur Girard ne prévoyaient aucun argent neuf pour les maisons
d'hébergement. Nous souhaitons continuer sur cette lancée afin
d'obtenir un financement à la hauteur des services auxquels ont
droit les femmes et les enfants victimes de violence.
SOURCE Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence
conjugale