QUÉBEC, le 23 mai 2024 /CNW/ - Près de
200 élus et professionnels de l'Union des producteurs
agricoles (UPA) et de l'ensemble de ses 37 organisations affiliées
ont fait le point aujourd'hui, à l'occasion d'une importante
Rencontre provinciale sur la mobilisation et la crise en
agriculture, sur le contexte économique difficile, la précarité
de milliers d'entreprises agricoles et l'avancement des discussions
à cet égard avec le gouvernement du Québec.
« Des milliers de productrices et producteurs ont
participé à des ralliements aux quatre coins du Québec, ces
derniers mois, afin d'exprimer leurs inquiétudes et leurs espoirs
quant à l'avenir de l'agriculture et de la relève. Les résultats du
sondage que nous dévoilons aujourd'hui confirment que les
interventions du gouvernement, jusqu'à maintenant, n'ont pas permis
d'atténuer la crise. La situation se dégrade et l'urgence d'agir
n'a jamais été aussi grande », a déclaré le président général
de l'UPA, Martin Caron.
Rappelons qu'Agriculture et Agroalimentaire Canada prévoit un
effondrement sans précédent du revenu net agricole
québécois (-49,2 % en 2023; -86,5 % en 2024), du
jamais vu depuis 1938. Ajoutons que cette chute est annoncée malgré
les interventions de La Financière agricole du Québec, confirmant
du coup que le soutien québécois n'est pas à la hauteur (moins de
1 % du budget de l'État!) et que les programmes sont
insuffisants et mal adaptés aux réalités économiques, régionales et
climatiques d'aujourd'hui et de demain.
Signalons aussi que le gouvernement du Québec (incluant le
premier ministre) a reconnu à maintes reprises que la crise
actuelle nécessite des interventions budgétaires, administratives
et réglementaires d'envergure. Les productrices et producteurs
continuent toutefois d'attendre des gestes qui correspondent à
l'importance et à l'urgence de leurs besoins, à tous ces
égards.
Sondage sur la situation
financière des fermes québécoises
Au printemps 2023, l'UPA a dévoilé les résultats d'un
sondage sur les conséquences de l'inflation, de l'augmentation des
coûts de production et de la flambée des taux d'intérêt sur la
situation financière des fermes québécoises. Ces résultats
confirmaient que l'agriculture était plus impactée que d'autres
secteurs par le contexte économique défavorable.
Un an plus tard, une nouvelle édition de ce même sondage
confirme que la situation s'envenime et que les enjeux à l'origine
du ras-le-bol des productrices et producteurs, qu'ils soient
économiques, territoriaux, climatiques ou environnementaux,
continuent d'avoir un impact grandissant sur la rentabilité de
milliers d'entreprises agricoles et leur capacité de nourrir les
Québécoises et Québécois.
À témoin, selon les 3 552 productrices et producteurs
ayant répondu au sondage de l'UPA le mois dernier, 42 % des
entreprises ont un solde résiduel négatif (34 % en
2023) et 52% d'entre elles sont à
risque de ne pas respecter leurs obligations financières (41 %
en 2023), un phénomène encore plus problématique pour les fermes de
la relève (67 %).
Le sondage nous apprend également que 11 % des entreprises
envisagent de fermer temporairement, ou définitivement, leurs
portes au cours des douze prochains mois. Soulignons que cette
fermeture envisagée est beaucoup plus présente dans les MRC
prioritaires, dans les régions périphériques et chez les plus
petites fermes. Les résultats complets du sondage sont disponibles
ici.
La situation fragile de toutes ces entreprises, exacerbée par
une dette agricole croissante (27,2 G$ en 2022;
+ 123 % depuis 2012), une inflation persistante et des
paiements d'intérêt qui grimpent en flèche, compromet donc encore
plus la pérennité de notre agriculture et, ce faisant, de toute
l'industrie bioalimentaire. Rappelons que le secteur agricole
nécessite près de 8 $ d'investissement pour générer 1 $
de revenu, ce qui le distingue de plusieurs autres secteurs
économiques.
Les productrices et producteurs
font partie de la solution
Les demandes des productrices et producteurs, exprimées le
6 décembre 2023 devant l'Assemblée nationale du Québec
(1 200 participants) et lors de 17 ralliements
d'envergure aux quatre coins du Québec ces derniers mois
(4 500 participants), sont on ne peut plus
claires :
- un rehaussement significatif des budgets, du soutien, de
l'accompagnement, des mesures et des programmes destinés aux
productrices et producteurs;
- la mise en place d'un bouclier financier agricole pour contrer
la flambée des taux d'intérêt;
- une réponse adéquate aux attentes du secteur horticole et des
productrices et producteurs d'Abitibi-Témiscamingue (foin), en
raison des événements météorologiques extrêmes de 2023;
- une actualisation importante des programmes d'aide à la relève
et des règles fiscales;
- un vaste chantier sur l'ensemble des programmes de gestion des
risques de l'entreprise;
- une réglementation environnementale raisonnée qui respecte le
rythme d'adaptation des entreprises agricoles.
« Les discussions en cours avec le gouvernement
démontrent une certaine ouverture, mais ne permettent pas de
conclure qu'il est prêt à une reconnaissance pleine et entière de
l'importance économique, sociétale et stratégique des productrices
et producteurs pour le Québec et ses régions. Une meilleure prise
en compte de leurs priorités est requise rapidement, tant à court
terme que dans le cadre du renouvellement de la Politique
bioalimentaire du Québec l'an prochain », a conclu
Martin Caron.
SOURCE Union des producteurs agricoles